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En savoir plus sur le deuil

LE DEUIL

Avec la crise sanitaire que nous avons connue ces dernières années, le deuil est revenu au-devant de la scène dans les médias. Ceux-ci ont relaté les difficultés pour les proches de « faire leur deuil » en temps de pandémie. En effet la Covid 19 a chahuté nos rituels liés à la mort. Il était parfois compliqué voire impossible d’accompagner nos mourants, de nous recueillir auprès du corps de nos défunts, de les honorer lors de rituels d’adieux et d’hommages, notamment celui de l’enterrement, de se soutenir mutuellement durant ces moments difficiles.

S’il y a une chose positive dans tout cela, c’est que le deuil, la mort, des sujets malheureusement tabous, ont été un temps (trop peu à mon goût) mis en lumière. Or c’est en parlant encore et encore du deuil et de la mort que nous en ferons un sujet accessible à tous. Car la mort est une composante de la vie, nous sommes des Etres de finitude[1]. S’ils ne sont plus dissimulées alors la vie aura une toute autre saveur, elle sera dégustée et appréciée à sa juste valeur. Mais bon cela mérite d’être détaillé (dans un autre post sûrement ;-))

Alors qu’est-ce que le deuil ?

Le mot « deuil » a en français différents sens. Allez, un peu d’étymologie ! Il vient du latin dolere (tout comme le mot douleur) qui signifie souffrir. Il désigne une profonde douleur, une souffrance ressentie suite à la mort d’un être cher. Ce terme représente également le processus psychologique qui fait suite à la perte : le processus de deuil. Ce processus inconscient a pour fonction de prendre soin de nous et d’ « amortir » la violence de la perte. Il y a processus de deuil, s’il y a un lien d’attachement. Nous ne pouvons pas être en deuil d’une personne décédée que nous connaissions très peu. Nous pouvons être tristes pour son entourage mais nous ne ressentons pas le manque, le tsunami dévastateur qui nous envahit lorsque nous avons un lien émotionnel avec le défunt.

Par extension on parle également de faire son deuil pour :

Toute perte définitive douloureuse

Il peut s’agir de la perte :

  • d’une situation professionnelle (à la suite d’un licenciement, d’un départ à la retraite, d’une fermeture, …),
  • d’une situation familiale (séparation amoureuse, départ des enfants de la maison, départ en maison de repos, …),
  • d’un animal (mort ou disparu),
  • de facultés corporelles (handicap, vieillesse, maladie…)
  • d’une chose importante pour nous (destruction de sa maison, vol d’objet, déménagement forcé…)

L’être humain se confronte au deuil dès son plus jeune âge. Le bébé qui va naître va ainsi faire le deuil de sa vie intra-utérine. Eh oui, ça commence très tôt ! Puis en grandissant s’il perd son doudou, là aussi il va connaître la douleur de la perte. En changeant de classe et en quittant son institutrice préférée ou en changeant d’école et de copains suite à un déménagement,… bref vous l’aurez compris, l’être humain se confronte à de nombreuses reprises, à la disparition définitive d’une chose à laquelle il tient et cela, avant même parfois de connaître la mort d’un être cher. Il développe peu à peu sa capacité de résilience à travers toutes les pertes vécues.

Pour faire face à tous ces changements le corps et l’esprit déclenchent un processus naturel de deuil pour nous aider à surmonter cette épreuve.

Le processus de deuil

Le Dr Christophe Fauré, psychiatre et psychothérapeute, spécialiste du deuil parle d’un processus de cicatrisation[2]. La métaphore de cette cicatrisation illustre parfaitement ce chemin de deuil.

Voici son illustration résumée. Suite à une grave brûlure à la main (c’est un traumatisme), nous avons deux possibilités :

  • Décider d’étouffer la douleur en prenant des antalgiques et en mettant un pansement jusqu’à ce que ça passe. Nous pouvons nous dire que le temps arrangera les choses, que nous n’allons pas stopper nos activités pour cet incident. Alors même que nous ne nous occupons pas de notre blessure, le processus naturel de cicatrisation  va se déclencher inévitablement. La main va commencer à se réparer mais pas toujours dans des conditions optimales. Il pourra y avoir des adhérences cutanées, une rétractation tendineuse, peut-être même une infection.

Le fait de ne pas tenir compte du traumatisme d’aujourd’hui risque d’hypothéquer l’avenir de façon négative.”

Dr Christophe Fauré
  • Ou décider d’accompagner activement le processus de cicatrisation. Face à cette blessure imprévue on choisit de soigner notre main du mieux possible. Une infirmière soigne et nettoie la plaie chaque jour et retire les peaux mortes pour favoriser la cicatrisation. Ces soins sont douloureux mais c’est inévitable pour une cicatrisation optimale.

Il en est de même pour la blessure de la perte. Soit nous laissons faire, en espérant que tout rentrera dans l’ordre, mais nous nous rendons vite compte que ça ne suffit pas à une cicatrisation harmonieuse de notre chagrin. Soit nous décidons de faire face au deuil activement. Nous ne ferons malheureusement pas l’économie de la douleur qui est inévitable, mais nous déciderons « d’en faire quelque chose et de ne pas vivre passivement les événements. » Ce deuxième choix conscient est ce qu’on appelle le « travail de deuil ».

Le travail de deuil

Ce travail de deuil en plus de nous aider à apprivoiser la douleur, garantit le non-oubli. C’est important de le dire et redire, il ne s’agit pas d’oublier nos défunts, c’est tout le contraire ! Il s’agit de redéfinir la relation à la personne décédée, de créer ou développer un lien intérieur unique avec elle. Durant ce travail l’endeuillé aura à se confronter à ses émotions, il pourra alors pas à pas, s’en libérer sans les étouffer en les écoutant, les acceptant et en les respectant.  C’est ce qui lui permettra de cicatriser efficacement.

C’est donc grâce au processus de deuil et au travail de deuil que l’endeuillé va vivre un bouleversement intérieur qui le transformera à jamais.  Il faudra du temps, de la patience pour traverser son deuil et ce temps n’est pas le même pour tous. Car comme chaque relation vécue avec le défunt est unique, chaque deuil est unique et particulier. Mais une chose est sûre: au bout du chemin la vie peut être reconstruite, autrement c’est vrai, mais avec de l’harmonie et du sens; sans l’être aimé, mais en gardant un lien unique avec lui et cela pour toujours.

Un chemin de solitude, accompagné

Si nous sommes seuls à cheminer dans notre deuil, l’accompagnement par des proches, des associations ou des professionnels du deuil est décisif.

En lisant cet article si vous avez envie de vous faire aider par des proches et que vous ne savez pas comment demander de l’aide ou si vous êtes un proche qui souhaite aidé un endeuillé, mais que vous ne savez pas comment, je vous invite à télécharger mes « BONS POUR… ». Ils vous donneront des idées d’aide et faciliteront la communication parfois compliquée durant le deuil. Je les ai créé avec mon cœur, n’hésitez pas, je vous les offre avec grand plaisir. Et si vous souhaitez un accompagnement plus spécifique pour votre travail de deuil, contactez moi. 

Et comme je le dis souvent aux personnes que j’accompagne, au bout du chemin il y a un cadeau !  J’en ai fait l’expérience. Croyez-moi ! C’est peut-être difficile à imaginer et à entendre au stade de votre deuil, je le comprends tout à fait, et pourtant ! Evidemment le cadeau n’est pas la perte mais ce que l’on fait de notre deuil. Les miens m’ont conduit ici, à vos côtés, et je peux vous assurer que c’est un sacré cadeau ! Merci d’être là !


[1] Jean-Michel LONGNEAUX, Finitude, solitude, incertitude, éditions PUF

[2] Dr Christophe FAURE, Vivre le deuil au jour le jour, page 23, éditions Albin Michel

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